April 2021

Le passé et l’avenir

Dans le Nouveau testament il y a deux récits bien connus de la rencontre de Saul en chemin vers Damas avec le Seigneur ressuscité (Actes 9,1-20 et Actes 22,3-16). On l'appelle ce récit souvent la « conversion de Paul ». Mais à cause de ce titre, l'initiative semble revenir à Paul, alors que le récit montre clairement que l'initiative revient à Jésus. C'est lui qui réveille Paul.
Paul était en route pour Damas avec une mission bien à lui. Après la rencontre, il est en route pour Damas, mais maintenant avec une toute nouvelle mission.

Le danger est souvent que nous regardions le passé des gens, alors que Dieu regarde l'avenir des gens.
Nous pouvons radier les gens pour ce qu'ils ont fait, alors que Dieu regarde ce qu'ils peuvent encore faire.
Nous pouvons être piégés dans le passé, alors que Dieu donne aux gens la liberté de l'avenir.
Dans le récit, deux personnes doivent franchir un pas qui ressemble davantage à un saut mortel : Paul et le chrétien Ananie à Damas. Tous deux doivent se défaire de leurs propres idées sur certaines personnes. Donc si vous voulez appeler ce récit « la conversion de Paul », vous feriez mieux de l'appeler « la conversion de Paul et d’Ananie ». Ou encore mieux : « la conversion de Paul, d'Ananie et de moi-même », car moi, je suis aussi invité à porter un regard différent sur mes semblables.

Utile

Dans les évangiles, il y a beaucoup de gens qui suivent Jésus. Mais quelle est leur motivation ? Par exemple, Jean écrit:

Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. (Jn. 6,2)
« Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. » (Jn. 6,26)


Donc la raison de suivre Jésus est qu'il guérit les malades et qu'il distribue du pain. Cette attitude n'était pas seulement celle du peuple de l'époque, mais elle est de tous les temps.
Dieu doit être utile pour nous !
La prière est souvent perçue de cette manière : mettre toute une liste de souhaits devant Dieu.
Et une fois, j'ai baptisé un enfant qui est mort dans un accident mortel un an plus tard, les parents ont décidé de ne pas faire baptiser les enfants suivants. Le baptême aurait dû protéger leur enfant.
Et en politique, la foi devrait être utile. Pour mieux dire, la foi est abusée pour des affaires politiques. Et ceci est vrai pour toutes les religions et nous connaissons tous des exemples du christianisme et de l'islam.
Dieu doit être utile pour nous !
Il nous reste un long chemin à parcourir pour nous défaire de cette idée, afin que Dieu puisse être Dieu.
C'est en fait l'attitude fondamentale de l’adoration : honorer Dieu pour ce qu'il est.

Point de départ

Jésus dit que nous devons « naître de nouveau » d'eau et d'Esprit (Jn. 3,5) et il fait ici référence au baptême. Nous sommes nés une fois en tant qu'êtres humains et nous avons donc une nature humaine. Dans le baptême, nous naissons de nouveau et nous sommes revêtus du Christ. Nous devenons un « Alter Christus », comme le disait Cyprien.
Mais notre nature humaine reste et nous le constatons quotidiennement. Nous nous heurtons à notre caractère, notre tempérament, nos irritations, nos pensées, nos péchés, ... Tous ces aspects resteront et reviendront constamment. Mais laissons-nous cela nous décourager ? La question est de savoir si c'est le point final ou le point de départ.

Nous pourrions comparer notre vie à la construction d'une maison. Toutes nos difficultés sont des pierres que nous jetons toujours en construisant. Mais ces mêmes pierres se révéleront être les pierres angulaires. Car c'est précisément à travers ces pierres - les difficultés - que Dieu peut montrer qu'il existe et qu'il est à l'œuvre dans nos vies. Il peut se servir de nos faiblesses.
Par conséquent, les problèmes dans notre vie de chrétiens ne sont jamais un point final, mais un point de départ.